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Quelles sont les conséquences du changement climatique sur les assurances  ?

6 min

Sécheresse, pluies torrentielles, incendies, inondations, tempêtes, grêle, gel… Autant d’événements naturels qui se sont accentués ces dernières années suite au réchauffement climatique, avec un impact non négligeable sur le secteur de l’assurance.

Quels sont les principaux risques liés au changement climatique ?

Entre janvier et août 2022, les événements climatiques de grande ampleur ont généré 1,4 million de sinistres en France, pour lesquels les assureurs ont dû verser des indemnisations estimées à 5,2 milliards d’euros. Une situation préoccupante, d’autant plus que les catastrophes naturelles sont amenées à se multiplier dans les prochaines années.

 

Pour mieux comprendre le phénomène, nous nous baserons sur les données issues de deux études de référence :

 

 

La sécheresse

La sécheresse est la conséquence d’un effet de retrait, puis de gonflement des sous-sols, dans un contexte de températures élevées et d’insuffisance de précipitations. Elle peut causer d’importants dommages aux constructions (principalement les maisons individuelles), surtout si les fondations et la structure ne sont pas assez rigides.

 

D’ici 2050, une hausse de 60 % de la sinistralité est attendue, se traduisant par une multiplication des dégâts indemnisés par les assureurs. Sur la période 2020-2050, le coût cumulé lié à ce risque climatique devrait atteindre 43 milliards d’euros, soit trois fois plus que sur la période 1989-2019.

 

La part du dérèglement climatique dans cette évolution est conséquente, avec un montant de dégâts supplémentaires estimé à 17 milliards d’euros.

 

Les inondations

On distingue deux grandes catégories d’inondations :

 

  • Les crues de plaine: elles sont causées par des pluies récurrentes sur une longue période, parfois amplifiées par la fonte des neiges. Ce sont des inondations « lentes » qui se forment en quelques jours et qui durent relativement longtemps.
  • Les crues torrentielles: elles sont la conséquence d’épisodes pluvieux intenses et de courte durée. Elles se caractérisent par une montée des eaux très rapide.

 

Au cours des années à venir, les inondations seront plus fréquentes dans la majorité des départements métropolitains. En cause : une évolution du régime des précipitations, qui seront plus élevées en moyenne dans le nord du pays, mais aussi plus intenses et plus rares dans le quart sud-est.

 

D’après les projections, l’augmentation de la sinistralité annuelle moyenne à l’horizon 2050 devrait atteindre :

 

  • +110 % pour les crues de plaine
  • +130 % pour les crues torrentielles

 

Au total, le coût cumulé sur la période 2020-2050 s’élèverait à 50 milliards d’euros, soit une hausse de 81 % par rapport à la période précédente. Notons toutefois que le changement climatique aurait un impact plus limité, puisqu’il représenterait « seulement » 3,1 milliards d’euros de dommages supplémentaires.

 

La submersion marine

La submersion marine désigne l’inondation temporaire d’une zone côtière par la mer, accompagnée de conditions météorologiques extrêmes.

 

En intégrant la submersion marine au risque d’inondation, le coût total cumulé pour les assureurs atteindrait 54 milliards d’euros sur 2020-2050, soit une hausse de 87 % par rapport à la période passée.

 

La grêle

La grêle est un phénomène météorologique complexe à observer et à retracer. À tel point que les premiers travaux de recherche s’intéressant à l’impact du réchauffement climatique sur cet aléa sont encore relativement récents.

 

Malgré tout, les données à disposition permettent de prévoir une hausse significative des orages grêligènes en France, de l’ordre de 40 % à l’horizon 2050. Dans les deux tiers Nord du pays, le nombre de jours de grêle devrait augmenter (+1 à +4 par an).

 

Or, la multiplication de ces événements climatiques se traduirait par une augmentation de la sinistralité de 20 % pour les branches automobile et dommages aux biens (DAB).

 

Les tempêtes

Sur une note plus positive, la fréquence et l’intensité des tempêtes ne devraient pas augmenter d’ici 2050. Ainsi, aucune hausse significative de la sinistralité n’est à prévoir dans les années à venir.

Assureurs : comment faire face au changement climatique ?

Au global, le réchauffement climatique devrait contribuer à une augmentation de la sinistralité de l’ordre de 60 % dans les années à venir. À cela, il faut ajouter la tendance inflationniste qui affecte les coûts des matériaux et des réparations : remplacement de pare-brise suite à un orage de grêle, réfection de toiture après une tempête, etc.

 

L’impact des risques climatiques sur les tarifs des assurances sera donc non négligeable. Alors que le coût moyen des sinistres augmente, les assureurs vont devoir adapter leurs prix et faire des provisions pour aborder plus sereinement l’avenir. La création de nouvelles garanties et couverture, notamment pour l’assurance habitation, est également une piste à explorer.

 

Cependant, pour être à la hauteur des enjeux, les compagnies d’assurance devront aller plus loin que les leviers traditionnels que sont la tarification, la surveillance et la sélection des risques climatiques. En effet, la prévention des risques est amenée à jouer un rôle de plus en plus important.

 

Comme le notent Arnaud Chneiweiss et José Bardaji dans une étude de la Fondation pour l’innovation politique, les compagnies d’assurance doivent contribuer au développement d’une « culture du risque naturel » dans l’ensemble de la société : particuliers, exploitants agricoles, entreprises, collectivités locales…

 

Plus qu’un simple assureur-payeur, l’assureur de demain devra mettre en œuvre une véritable stratégie de pilotage et de gestion des risques naturels locaux. Engagé et proactif, il mettra en place des actions concrètes pour réduire sa sinistralité, par exemple :

 

  • Inciter les particuliers vivant dans des zones inondables à équiper leurs maisons de portes étanches ou de batardeaux.
  • Développer des solutions de traitement des argiles ou de réhydratation des sols afin de réduire le risque de sécheresse.

 

Si les conséquences du changement climatique sur les assureurs sont inévitables, il existe différents leviers pour limiter leur impact sur la sinistralité et, par extension, sur les tarifs des contrats d’assurance.